Analyse sociosémiotique des espaces romanesques dans Bonheur d’occasion

L'analyse des espaces romanesques dans Bonheur d'occasion proposée dans cette étude s'inspire de la sémiotique et de la sociocritique, et elle montre comment, au niveau de la structure spatiale, cette œuvre exprime le drame de l'urbanisation tout comme elle expose bien l'ambivalence de la ville, séduisante et terrifiante à la fois. Elle se concentre particulièrement sur l'ensemble des espaces romanesques qui tout à la fois sont mis en représentation dans le texte et mettent ce texte en scène. Deux axes de recherche de cette démarche sociosémiotique servent à brosser un tableau des fonctions idéologiques que remplissent ces espaces. Le premier préconise une analyse plus rigoureusement immanente des structures spatiales de l'œuvre et le second permet d'élargir l'analyse vers une interprétation des rapports que l'œuvre entretient avec la société où elle s'inscrit. Puis, afin de déterminer les fonctions et les valeurs de ces espaces, et selon des principes empruntés à Greimas, Hilligje Van't Land étudiera les procédures d'aperception des espaces topiques du texte, les voies et moyens par lesquels le ou les sujets les appréhendent et les interprètent sur le plan du cognitif. Dans cette étude s'opère donc d'abord un choix sémantique, et ensuite idéologique, où les relations d'ordre spatial sont investies de significations psychologiques et sociales. Gabrielle Roy dépeint d'ailleurs si «humainement» les maisons, les rues, les cafés que ces espaces s'érigent comme autant d'actants significatifs de l'œuvre.
[par Julie Hétu]