Type de référence bibliographique: 
Titre« Contamination » linguistique et textuelle. Rencontre de l'autre et renouvellement du créateur
Type de publicationArticle de revue
Année de publication2000
Auteur·e·sDansereau, E
RevueFrancophonies d’Amérique : Altérité et métissage
Secondary AuthorsTessier, J
Numéro10
Pages149-158
Type of ArticleConference paper
ISSN1183-2487
Texte complet

Antonine Maillet et Gabrielle Roy, toutes deux originaires de communautés francophones minoritaires éloignées du Québec, ont poursuivi leurs activités littéraires au Québec tout en continuant de tirer leur inspiration de leur région natale, l’Acadie et le Manitoba. Ces écrivaines construisent, dans les situations interlocutives de leurs œuvres, un mode de réception qui signale le rapport qu’elles entretiennent avec leur héritage et avec leurs lecteurs. Gabrielle Roy puise dans ses souvenirs d’enfance au Manitoba et les exhibe comme des objets inconnus du narrataire (ou lecteur implicite), ce qui accorde au narrateur une autorité jalouse sur son monde, restreignant du même coup toute activité dialogique. C’est en déployant toute la richesse et la beauté de son pays lointain et défavorisé qu’elle arrive à engendrer une autoréflexion chez son lecteur. Pour Antonine Maillet, il en va autrement. Ses origines acadiennes alimentent la diégèse, la narration, ainsi que l’acte d’écrire. Elle rend le dialogue possible entre narrateur et narrataire en entraînant le lecteur/récepteur dans un projet ludique commun de réappropriation d’une histoire, ce qui exige un engagement passionné. Elle ne cède pas ses richesses sans réciprocité et choisit son lecteur par la capacité du récit à susciter le désir d’être vécu et assumé par le lecteur. La lecture chez Roy est plus « discrète » dira Estelle Dansereau, le lecteur est ici moins fortement appelé à s’engager dans le récit. L’idée que le texte propose mais n’impose pas ses modes de lecteur sous-tend cette vision royenne de la lecture.[par Julie Hétu]