Des écrits journalistiques d’imagination aux nouvelles littéraires de Gabrielle Roy
Titre | Des écrits journalistiques d’imagination aux nouvelles littéraires de Gabrielle Roy |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1992 |
Auteur·e·s | Dansereau, E |
Revue | Francophonies d’Amérique |
Numéro | 2 |
Pages | 115-127 |
Texte complet | Lecture comparée de deux nouvelles du recueil Un jardin du bout du monde (1975) et de leur première version publiée trente ans plus tôt. Si la reprise d’«Un vagabond frappe à notre porte» conserve le lyrisme et la naïveté du texte original, les nombreuses modifications syntaxiques et lexicales améliorent le rythme des phrases et accroissent la tension dramatique ainsi que la résonance poétique du texte, donnant lieu à des effets de style et créant un discours plus rigoureux et plus évocateur, «à la fois précis et débordant de non-dits» (p. 119). À l’étape de la révision, Gabrielle Roy préfère le resserrement à l’amplification; elle simplifie les gestes, supprime des éléments descriptifs et améliore la logique de ses phrases. En revanche, les dialogues, évoluant vers un français plus standard, y perdent en couleur locale et en vraisemblance. La chaleur et la profondeur psychologique qu’on associe à l’auteure apparaissent à la dernière étape de la rédaction. «La vallée Houdou», qui fut à l’origine un reportage, devient une méditation poétique très dense sur l’exil, marquée par l’ellipse, la métaphore et l’évocation; le discours indirect libre permet des passages fluides entre la conscience de la narratrice et celle des personnages. Dans les deux cas, la révision introduit «un réseau de signification beaucoup plus ample, beaucoup plus dense» (p. 125) que dans les versions primitives. On voit ainsi que l’écriture en apparence coulante, facile, «naturelle» de Gabrielle Roy nécessite en réalité un travail minutieux. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |