Gabrielle Roy et Margaret Laurence. Deux chemins, une recherche
Titre | Gabrielle Roy et Margaret Laurence. Deux chemins, une recherche |
Type de publication | Livre |
Année de publication | 1983 |
Auteur·e·s | Hughes, T |
Ville | Saint-Boniface |
Éditeur | Éditions du Blé |
Texte complet | Nées l’une et l’autre dans une famille de pionniers, Gabrielle Roy et Margaret Laurence sont venues à l’écriture après un exil volontaire et de longs tâtonnements. Toutes deux ont débuté dans l’écriture en décrivant avec compassion et lucidité des gens d’autres origines, les immigrants du Canada dans le cas de Gabrielle Roy et les Somaliens dans le cas de Margaret Laurence, qui a suivi son mari ingénieur jusqu’en Afrique. Leurs premiers romans respectifs sont ainsi le fait d’étrangères qui observent une société autre que la leur, d’où peut-être leur clairvoyance. Toutes deux affectionnent les personnages féminins forts, surtout les mères de famille, dont l’aliénation sociale et l’isolement sont longuement dépeints; la relation mère-fille est souvent négative, et la tentative de la fille de se libérer de la mère par le biais de l’amour est vouée à l’échec. Toutes deux montrent l’influence des ancêtres sur les générations suivantes, ainsi que les difficultés de communication entre mères et enfants et entre époux (chez les deux romancières, le couple est «constitué d’absences, de silences, de regrets et de remords» [p. 176]). Hagar Shipley (The Stone Angel) et Alexandre Chenevert se ressemblent: êtres malheureux, hantés par le passé, incapables de communiquer, ils ne connaissent une certaine résolution de leurs conflits intérieurs qu’au seuil de la mort. Avec les personnages de Morag Gunn (The Diviners) et de Pierre Cadorai, les deux romancières ont mis en scène le cheminement et les épreuves d’un artiste. Elles s’intéressent aussi à tous les êtres marginalisés et victimes de préjugés, tels les Métis et les Inuit. Assez tardivement, toutes deux ont évoqué leurs souvenirs d’enfance en soulignant le caractère marquant de cette période de la vie; la vision de Gabrielle Roy est moins sombre et plus axée sur l’ouverture et la communication que celle de Margaret Laurence. Mais le rapprochement le plus important tient sans doute au rôle prépondérant de l’espace des prairies, dont on analyse l’empreinte sur le caractère des personnages; l’exil et le retour sont au cœur des deux œuvres romanesques. Ainsi, tout en étant de langue et de milieu différents, les deux romancières sont engagées dans la même recherche. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |