TitreGabrielle Roy on Gabrielle Roy: Ces enfants de ma vie
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1993
Auteur·e·sClemente, L
RevueEssays on Canadian Writing
Numéro50
Pages83-107
Texte complet

La théorie de l’autobiographie au féminin permet de déceler, dans Ces enfants de ma vie, le rejet du mouvement linéaire du récit masculin traditionnel, au profit d’une forme non pas circulaire (bien que le dernier texte du recueil incite à relire autrement ceux qui précèdent), mais multiple; de la structure éclatée (nouvelles plutôt que roman) ressort ainsi le caractère fragmenté de l’identité féminine, saisie après coup seulement. La forme des récits, détachés et liés à la fois, est elle aussi féminine, et correspond à la recherche d’une forme textuelle capable de rendre compte d’une expérience de vie spécifique. Se révèle ainsi une «poétique de la dissidence» (Nancy K. Miller), un texte-palimpseste radical: l’institutrice, de concert parfois avec les mères, cherche à arracher les garçons à un père brutal, autoritaire, pour les gagner à l’éducation, assimilée à des valeurs féminines de création, de compassion et de douceur, toutes qualités que devrait partager aussi un homme «véritablement viril» (p. 98) comme le père de Vincento. (Les quelques hommes doux du recueil relèvent d’un topos du Moyen Âge, la féminisation du Christ.) Ici, la vie d’une femme échappe au cadre stéréotypé du scénario amoureux, évitant ainsi la clôture et l’enfermement; c’est donc l’évolution personnelle et professionnelle, plutôt que l’amour et le mariage, qui compte avant tout. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]