TitreGabrielle Roy: la représentation du corps féminin
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1988
Auteur·e·sBourbonnais, N
RevueVoix et images
Volume14
Numéro1
Pages72-89
URLhttp://www.erudit.org/revue/vi/1988/v14/n1/200754ar.pdf
Texte complet

Absent jusque-là du roman québécois, le corps féminin est omniprésent dans Bonheur d’occasion. Si Gabrielle Roy semble se conformer aux stéréotypes en mettant en scène le corps de la mère et celui de la jeune fille à marier, il n’en est rien, car, grâce au réalisme, elle pulvérise les mythes en les caricaturant et en montrant l’aliénation qu’ils engendrent. Loin de s’épanouir dans la maternité comme le prétend alors l’idéologie traditionnelle, les femmes sont esclaves de leur corps trop fécond, dont Gabrielle Roy souligne sans cesse la fatigue et l’affaissement. Si Florentine entretient sciemment sa maigreur, c’est parce qu’elle refuse de devenir mère; mais, aussi mince soit-elle, elle ne pourra échapper à son destin de femme. Par ailleurs, le corps de la mère de famille est lié à la mort plutôt qu’à la vie, notamment dans la scène de l’accouchement. Le corps de Rose-Anna devient donc l’image du sort qui attend les femmes et sert d’avertissement et de repoussoir à Florentine: «L’objet en litige entre mère et fille est bien le corps reproducteur» (p. 113). C’est le choix même du réalisme qui permet de dénoncer les conditions de vie aliénantes des personnages féminins. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]