Gabrielle Roy: petite topographie de l’œuvre

L’œuvre publiée de Gabrielle Roy peut se diviser en quatre grandes phases: l’époque du «pur récit» (1945-1954) fait place à la période réflexive (1955-1966); on assiste ensuite à «la liquidation de l’imagination objective et [à] la montée de l’inspiration autobiographique» (1970-1977), avant de voir surgir enfin l’autobiographie véritable, qui est en quelque sorte la somme et le sommet de l’œuvre. Gabrielle Roy est un écrivain «moderne» en ce sens qu’elle met en scène «ce rehaussement, ou cette dévoration, de l’aventure par l’écriture, de l’être par son propre langage» (p. 27). Pourtant, l’auteure préfère, à l’étalement de ses angoisses de créatrice, la communication simple, directe et amicale avec ses lecteurs. Elle a trouvé, dans la juxtaposition en volume de plusieurs récits autobiographiques, sa forme privilégiée, qu’elle a portée à la perfection. La révolte et la contestation sont présentes dans ses livres, mais l’attitude la plus répandue est une «compassion ironique» (p. 36) proche de celle de Pascal. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]