Jacques Poulin: héritier spirituel de Gabrielle Roy

L’œuvre de Gabrielle Roy renaît dans celle de Jacques Poulin, qui reconnaît à plusieurs reprises à quel point elle l’a inspiré. Les ressemblances sont en effet nombreuses. Tous deux pratiquent une écriture dépouillée et en apparence simple, mais toute en nuances, mélangent réalisme et allégorie, et évoquent fréquemment les images de l’eau et de la maison. Ils partagent la nostalgie du paradis perdu et l’espoir de lendemains meilleurs, ainsi qu’un idéal de fraternité et une vision de l’écriture, perçue comme une «forme d’exploration de soi et du monde et un don des plus personnels au lecteur» (p. 594), mais aussi comme une manière de transformer le monde. Chez les deux auteurs, la quête de soi est réservée pour l’essentiel aux artistes et aux écrivains. Tous deux valorisent le métissage et l’androgynie comme moyens de rapprocher les êtres en unissant le masculin et le féminin, le spirituel et le matériel. Bref, Jacques Poulin a décidé, de propos délibéré, d’intégrer dans sa vision du monde celle de Gabrielle Roy, lui rendant ainsi hommage. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]