La poétique de l’alimentation dans Bonheur d’occasion
Titre | La poétique de l’alimentation dans Bonheur d’occasion |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1996 |
Auteur·e·s | Paterson, JM |
Revue | Cahiers franco-canadiens de l’Ouest |
Volume | 8 |
Numéro | 2 |
Pages | 201-218 |
URL | http://www.cusb.ca/cusb/cahiersfco/v8n2textes/82Paterson.pdf |
Texte complet | L’analyse sémiotique du discours alimentaire de Bonheur d’occasion révèle que la nourriture est liée à des signifiés à la fois socioculturels et mythiques. Au Quinze-Cents, il s’établit de forts liens métonymiques entre la nourriture, le lieu et Florentine, liés au clinquant et à l’artificiel, et signes d’une classe sociale défavorisée. L’étude de la fonction communicative de la nourriture montre la distance émotive et sociale entre Jean et Florentine, ainsi que le refus de Rose-Anna de comprendre le don que lui fait Florentine en lui offrant un repas. La discrétion et la qualité du restaurant où Jean emmène dîner Florentine établit une série d’oppositions avec le Quinze-Cents; là encore, la distance sociale entre les deux êtres empêche toute communication véritable. Du point de vue mythique, la nourriture est liée à de puissants fantasmes de bonheur: les «sucres» signifient, aux yeux de Rose-Anna, la forêt, la jeunesse et la tendresse des siens, mais la réalité dysphorique fera de nouveau ressortir la misère des Lacasse. En offrant à Jean du sucre à la crème, Florentine provoque en lui un afflux de souvenirs aussi bien que le désir sexuel, mais, là encore, c’est la dysphorie qui s’impose, avec la grossesse de Florentine. L’orange du petit Daniel est aussi liée au dépassement du quotidien, mais, arrivée trop tard, elle ne peut réaliser son potentiel euphorique. En somme, tout le discours alimentaire est lié à une représentation de l’opposition inconciliable entre les classes sociales et révèle l’impossibilité où sont les défavorisés de réaliser leurs désirs. (Voir aussi Resch 1978.) [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |