TitreLa problématique interculturelle dans Alexandre Chenevert de Gabrielle Roy
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1994
Auteur·e·sKwaterko, J
RevueUniversity of Toronto Quarterly
Volume63
Numéro4
Pages566-574
Texte complet

Alexandre Chenevert est l’un des rares romans québécois des années 1950 où émerge une problématique interculturelle. Victime des discours médiatiques, Alexandre ne peut intégrer l’altérité qu’en se rabattant sur des stéréotypes (dont celui du «bon» et du «mauvais» Juif). La différence culturelle est donc perçue, dans un premier temps, de manière simpliste ou faussement exotique. Il y a un décalage entre les intentions d’Alexandre, qu’habite un désir de solidarité universelle, et ses actions face aux étrangers, marquées par l’attirance, mais aussi par la méfiance et l’absence de sympathie. En revanche, l’auteure échappe à l’ethnocentrisme; le séjour au lac Vert s’accompagne d’une parodie du discours nationaliste traditionnel. À la fin du roman, Alexandre est convaincu des vertus du cosmopolitisme, mais le brouillage des signes culturels en milieu urbain fait de lui un être aliéné. Dans ce contexte, le Canadien français devient un parfait minoritaire, non pas face au Canadien anglais, mais parce qu’il se définit lui-même comme immigrant dans son lieu d’origine. L’étranger est donc signe à la fois d’une présence réelle, mais refusée, et d’une absence, d’un rêve utopique. Par sa dénonciation de la domination de l’anglais, par son portrait de l’aliénation urbaine, Gabrielle Roy annonce ici Gaston Miron et Paul Chamberland. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]