La Route d’Altamont de Gabrielle Roy, épave de La Saga d’Éveline?
Titre | La Route d’Altamont de Gabrielle Roy, épave de La Saga d’Éveline? |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1997 |
Auteur·e·s | Robinson, C |
Revue | Voix et Images |
Volume | 23 |
Numéro | 1 |
Pages | 135-146 |
URL | http://www.erudit.org/revue/VI/1997/v23/n1/201349ar.pdf |
Texte complet | Contrairement à ce qu’a affirmé François Ricard, La Route d’Altamont serait non pas un fragment ou un morceau de La Saga d’Éveline (roman inédit et inachevé rédigé entre 1945 et 1965), mais bien une épave, c’est-à-dire une œuvre rédigée plus ou moins en même temps que le texte premier et liée de près à lui. Le relevé des ressemblances entre les deux textes le montre: mêmes personnages, même narration par une fille d’Éveline, mêmes thèmes du voyage, de la plaine et de la montagne. Cependant, l’étude des avant-textes de la nouvelle «La route d’Altamont» révèle une évolution qui éloigne Gabrielle Roy des préoccupations et du point de vue de La Saga. On comprend ce changement de perspective si l’on songe que La Saga était en définitive le «livre de la mère», l’histoire d’un mariage malheureux et une dénonciation de la maternité obligatoire; La Route d’Altamont est en revanche «le livre de la fille», axé sur le personnage de Christine de même que sur son éloignement progressif de sa mère. Il s’agit donc d’un livre de deuil, deuil à la fois des êtres perdus, du passé et du projet de raconter l’histoire maternelle: dans cette perspective, «inachever La Saga d’Éveline, le “livre de la mère” le plus élaboré auquel Gabrielle Roy ait tenté de donner forme, c’est quitter la mère, c’est se choisir» (p. 146). [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |