La solitude vertigineuse de Sam Lee Wong

Certains personnages du XXe siècle accusent ce que Matthieu Belisle considère comme un « déficit ontologique », c’est-à-dire qu’ils ont de la difficulté à « être quelqu’un à qui quelque chose arrive ». Alexandre Chenevert, dans le roman éponyme, fait partie de ces personnages puisque c'est un homme maigre, inquiet, qui absorbe la parole des autres comme celle des médias sans y opposer de résistance : il fait pâle figure même en comparaison aux autres personnages du roman. Alexandre soulève ainsi la question « En quoi suis-je digne d’intérêt ? », qui est pour Belisle une question touchant à la dignité morale du sujet et à sa valeur esthétique, et qui se retrouve notamment dans « Où iras-tu Sam Lee Wong ». Pour Belisle, cette nouvelle peut être lue comme une « exploration des conséquences existentielles de la solitude », une solitude vécue dans toute sa rigueur. Afin de comprendre l’immensité de cette solitude et l’incertitude qui en découle, Belisle se penche notamment sur la notion d’identité. [par Annick Lavogiez]