La symbolique de l’espace dans les récits de Gabrielle Roy
Titre | La symbolique de l’espace dans les récits de Gabrielle Roy |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1982 |
Auteur·e·s | Bourbonnais, N |
Revue | Voix et images |
Volume | 7 |
Numéro | 2 |
Pages | 367-384 |
URL | http://www.erudit.org/revue/vi/1982/v7/n2/200326ar.pdf |
Texte complet | La vaste plaine, chez Gabrielle Roy, connote la solitude et la vacuité, exerçant sur l’esprit humain un sentiment mêlé de fascination et d’oppression. À l’étendue illimitée de la plaine s’oppose, dans «Un jardin au bout du monde», l’espace restreint mais débordant de vie du jardin de Martha. Toute la nouvelle est structurée à partir de cette opposition, qui donne lieu à des valeurs elles aussi opposées et aboutit, sans se résoudre, à la transformation du jardin éphémère en espace mythique éternel, à l’instar de la plaine: «Le vide de l’éternité est en quelque sorte avalé par la plénitude de l’éphémère» (p. 370). Stépan et Martha en arrivent, par des chemins différents, à la conclusion que Dieu n’existe pas; c’est encore le jardin qui se substitue au temple comme espace sacré. Ainsi, la réussite de Martha est du domaine de la création plutôt que de celui de la procréation; en effet, chez Gabrielle Roy, ce sont les femmes qui possèdent le plus souvent le pouvoir créateur: «Ce n’est pas non plus notre Père qui est aux cieux mais notre Mère qui a les deux pieds sur terre qui est l’objet du chœur de louanges, du Magnificat» (p. 380). Ici, la narratrice accompagne de près la protagoniste, lui souffle les réponses à ses questions métaphysiques, se ligue avec elle dans l’acte créateur. Car la vraie immortalité n’est peut-être pas celle du jardin, mais celle que confère l’écriture. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |