La thématique de l’exil et de la représentation dans l’œuvre de Gabrielle Roy

Loin de la caricature et de la projection, Gabrielle Roy abolit la distance entre elle-même et ses personnages étrangers, exilés et déracinés (dont Sam Lee Wong est le prototype), grâce à l’évocation de questions universelles telles que la solitude et la dépossession de soi, qu’elle saisit dans un «discours littéraire» axé sur la vie intérieure du personnage, alors que les particularités ethniques font l’objet d’un «discours sociologique» (p. 42) qui fait ressortir les aspects collectifs du groupe étudié. Tandis que les reportages de Gabrielle Roy adoptaient le point de vue de la société d’accueil, sa fiction présente le plus souvent celui de l’immigrant, vu dans sa singularité; l’observation vise à combler la distance inévitable entre les cultures. Au fond, si Gabrielle Roy s’intéresse à l’étranger, c’est «dans la mesure où l’étranger cesse de l’être, où nous le devenons à sa place» (p. 50). [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]