TitreLa ville et son expression romanesque dans Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1978
Auteur·e·sRESCH, Y
RevueVoix et Images
Volume4
Numéro2
Pages244-257
URLhttp://www.erudit.org/revue/vi/1978/v4/n2/200155ar.pdf
Texte complet

Saint-Henri est décrit le plus souvent comme un «faubourg» ou un «village», donc comme un mélange de ruralité et d’urbanité: la nature y est présente, certaines manifestations de la vie paysanne, tel le marché, y survivent, et il règne, entre les voisins, une certaine confiance et une forme de cordialité. En même temps, la promiscuité, la misère, le bruit sont autant de formes d’agression liées à l’espace urbain. Par opposition à ce quartier, la ville (la rue Sainte-Catherine) est un lieu utopique qui favorise les rêveries tout en révélant l’aliénation des pauvres tourmentés par des désirs irréalisables. Il existe donc un «rapport dialectique» (p. 250) entre Saint-Henri et Montréal, ce qu’illustre le traitement des restaurants et des bars. Le Quinze-Cents, microcosme du quartier, est à la fois un refuge et une prison; il est lié au clinquant et au factice ainsi qu’à l’exploitation économique. Les sorties de Florentine avec Jean, puis avec Emmanuel, décrivent la réalité urbaine en plus d’illustrer l’évolution des rapports amoureux et de souligner le fossé des classes sociales. Les bars sont un espace sécurisant et en même temps ouvert; ils favorisent la camaraderie et les débats d’idées, mais entre hommes seulement. En somme, Saint-Henri est «un organisme vivant, expression d’une réalité sociale et économique» (p. 245), de la vie personnelle et collective, et du difficile passage de la campagne à la ville. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]