La ville, la campagne, le monde: univers référentiels et récit
Titre | La ville, la campagne, le monde: univers référentiels et récit |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1997 |
Auteur·e·s | Cambron, M |
Revue | Études françaises («Le Survenant et Bonheur d’occasion: rencontre de deux mondes») |
Volume | 33 |
Numéro | 3 |
Pages | 23-35 |
URL | http://www.erudit.org/revue/etudfr/1997/v33/n3/036077ar.pdf |
Texte complet | On pourrait croire que l’opposition ville-campagne, progrès-tradition fait de Bonheur d’occasion et du Survenant des romans antithétiques. Cependant, de nombreux traits les réunissent, dont une valorisation de l’instruction et du savoir ainsi qu’une temporalité circulaire, marquée par les saisons et par la durée. Autre parenté, Azarius est un Survenant manqué tandis que la relation Angélina-le Survenant aurait pu entraîner les mêmes conséquences néfastes que dans le cas de Florentine; tout se passe donc comme si «chacune des romancières [avait] en quelque sorte refusé d’actualiser le programme narratif choisi par l’autre» (p. 26). Un relevé des métaphores et des comparaisons révèle que, dans Le Survenant, les comparants renvoient à la nature, si bien que la ville existe à peine; le seul ailleurs véritable est le «vaste monde» sur lequel ouvrent les cours d’eau; la venue du cirque ambulant permettra au Survenant de triompher du lutteur étranger, donc symboliquement du monde entier. De façon inversée mais semblable, Bonheur d’occasion ne contient d’autres métaphores qu’urbaines — «L’homme envahit toutes choses, y compris la nature» (p. 31). L’image du cirque renvoie cette fois à l’aliénation des habitants de Saint-Henri, tandis que le «vaste monde» est présent en raison de la guerre. Il n’y a donc pas, dans les deux romans, de dialectique ville-campagne; compte tenu de la figure du «vaste monde», on peut toutefois parler «d’une rencontre de deux mondes paradoxalement rassemblés dans un espace conçu sans discontinuité» (p. 35). [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |