L'art de l'inachevé : ekphrasis et illustrations dans La Montagne secrète de Gabrielle Roy

Pour Kirsty Bell, les questions d’inachèvement et d’incomplétude traversent La Montagne Secrète même si ce récit n’est pas inachevé, particulièrement dans l’édition illustrée par René Richard en 1975. En effet, la question de l’œuvre d’art inachevée se présente comme thème dans les descriptions du travail du peintre fictif mais aussi dans les planches de Richard qui accompagnent le roman : l’inachevé agit de ce fait comme une notion permettant d’examiner les interstices entre le récit et les images. Par ailleurs, cette notion rend compte du passage de l’écrit à l’image et vice versa. Dépassant la question biographique (Richard était un ami de Roy et a servi d’inspiration pour le personnage de Pierre Cadorai), Bell s’intéresse au pictural dans le récit et à l’esthétique des planches de Richard. Observant le travail du peintre fictif et celui de l’illustrateur, les ressemblances et différences entre le personnage et Richard au niveau de leur travail créatif, Bell explore ainsi les rapports, qu’elle considère complexes, voire précaires, entre le récit et l’image. [par Annick Lavogiez]