TitreL'autobiographie comme conversion esthétique, les derniers écrits de Gabrielle Roy
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1999
Auteur·e·sMichaud, G
RevueLittératures
Numéro113
Pages95-114
Texte complet

Ginette Michaud s’intéresse au transfert complexe qui se produit entre la «vie», alors qu’on y retourne pour y tirer un sens, et sa «conversion esthétique». Gabrielle Roy, alors qu’elle entreprend en 1975 d’écrire son autobiographie, accomplira une extraordinaire conversion de son parcours d’écrivaine. Cette dernière période de la vie de Roy est totalement vouée au «temps de la mémoire», et l'écriture gagne en justesse, maîtrise et dépouillement. L’autobiographie est, pour Roy, posée comme «l’objet même de l’écriture : l’aveu, la recherche de soi et l’expression de ce qui doit être donné et reçu comme la vérité de l’être qui écrit». Ce travail d’écriture autobiographique, qui en est un aussi du deuil et de relation mère-fille, se répercute sur toute son œuvre. Amorçant son parcours d’écrivaine dans un style réaliste dans Bonheur d’occasion, puis passant dans La Petite Poule d’eau à un style plus idyllique, elle se rapprochera de l’autobiographie où le je sera plus présent et où il y aura substitution du personnage de la fille à celui de la mère. Roy aura ainsi, dans La Détresse et l’Enchantement et dans Le temps qui m’a manqué, engagé une relecture de toute son œuvre dans une perspective nouvelle et dégagée d’une forme d’image-écran qui en figeait l’interprétation. Fascinée par la réversibilité du factuel et du fictionnel, Roy confirmera l’originalité de ses écrits, tressage de réel et d’imaginaire, dans son autobiographie fragmentée, inachevée et autoréflexive.
[par Julie Hétu]