Le récit maternel acadien, principe organisateur du temps et de l’espace ou Bonheur d’occasion lu à la lumière de La Détresse et l’Enchantement
Titre | Le récit maternel acadien, principe organisateur du temps et de l’espace ou Bonheur d’occasion lu à la lumière de La Détresse et l’Enchantement |
Type de publication | Chapitre de livre |
Année de publication | 1989 |
Auteur·e·s | L'Hérault, P |
Éditeur | Verthuy, M |
Titre du livre | L’Espace-temps dans la littérature |
Éditeur | Les Cahiers de l’Association des professeurs de français des universités et collèges canadiens (APFUCC), série 3, no 2 |
Pages | 53-75 |
Texte complet | Grâce à son appartenance, par le biais de la filiation maternelle, à la tradition de l’errance acadienne, «où la patrie n’est jamais ce qu’elle est imaginée» (p. 56), Gabrielle Roy a renouvelé la vision que le Québec s’est donnée de lui dans sa littérature. Présent de manière explicite dans La Détresse et l’Enchantement, le récit acadien joue aussi son rôle dans Bonheur d’occasion, dans lequel Jean Lévesque, comme plus tard Gabrielle Roy, se jure de quitter le «lieu de son infériorité» pour l’espace de l’errance. La rupture d’avec la mère qui survient ensuite n’est que temporaire, puisque l’auteure renoue avec le récit maternel acadien, rompant par le fait même avec le récit paternel et patriarcal, celui de l’exil. La marginalité acadienne, véhiculée par la mère et la grand-mère, coïncide dès lors avec une perspective féministe et avec une résistance. L’errance n’est pas uniquement une dépossession; elle est aussi une ouverture vitale, car l’auteure s’invente une identité multiple, éclatée, transgressive. On ne peut donc admettre, comme le fait François Ricard, que l’errance correspond à l’enfer, et l’appartenance, au paradis. De façon rétroactive, on voit ainsi, dès Bonheur d’occasion, un «acte de transgression qui vient secouer la vision territoriale et patriarcale traditionnelle». [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |