Lecture euphorique et lecture dysphorique: le cas de Médéric Eymard

Le personnage de Médéric dans la nouvelle «De la truite dans l’eau glacée» (Ces enfants de ma vie) se prête à une lecture euphorique, comme l’a bien vu la critique, mais aussi, à un niveau plus profond, à une lecture dysphorique. De héros, voire de demi-dieu mythique qu’il apparaît d’abord, Médéric se transforme en victime dépendante, désespérément à la recherche de l’approbation du père alcoolique qui l’humilie dans sa jeune virilité, puis de la tendresse de l’institutrice. Cette faiblesse s’explique par un traumatisme précoce, sans doute un manque d’affection de la part de ses parents. Le portrait que trace Gabrielle Roy de l’enfance dans le recueil est donc bien moins idyllique qu’on ne l’a cru jusqu’ici. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]