A língua como espaço da memória. Travessia e identidade no Quebec
Titre | A língua como espaço da memória. Travessia e identidade no Quebec |
Type de publication | Conference Proceedings |
Year of Conference | 1996 |
Auteur·e·s | Porto, MBV |
Conference Name | Anais do V Congresso da Assel-Rio |
Pagination | 911-921 |
Éditeur | Universidade Federal do Rio de Janeiro (Brésil) |
Texte complet | Dans l’incipit de La Détresse et l’Enchantement, Gabrielle Roy se remémore ses incursions dans le territoire de l’Autre et réfléchit, à partir de son expérience quotidienne d’autrefois, sur l’identité minoritaire. Contrairement à l’esprit du bilinguisme, s’observe ici une violence symbolique qui révèle la faible valeur du «capital linguistique [des francophones] sur le marché canadien des biens symboliques» (p. 911). L’intériorisation de la perspective méprisante de l’Autre résulte en un douloureux complexe d’infériorité. Hautement conflictuelles, les relations entre «nous» (les Franco-Manitobains) et «les autres» (les anglophones) entraînent une dichotomie spatiale qui structure le texte. Saint-Boniface et Winnipeg évoquent, par métonymie, deux univers inconciliables: français/anglais, soi/autre, familier/étranger, sécurité/menace, maison/rue, relations affectives/commerce et promotion sociale. Saint-Boniface est un lieu, au sens de Marc Augé, marqué par l’identité et l’enracinement dans l’histoire, tandis que Winnipeg demeure un non-lieu anonyme et impersonnel. Même là, la présence au grand magasin d’une vendeuse francophone fait aussitôt surgir le lieu au cœur du non-lieu. Le pont entre les deux villes (voir aussi Socken 1989) suggère une traversée identitaire dynamique. En revanche, Gabrielle Roy critique subtilement la vision des Franco-Manitobains comme peuple élu, «mythe compensatoire paralysant» (p. 915). Moins qu’une ville, Saint-Boniface est un quartier (Pierre Mayol), espace qui favorise la convivialité, la reconnaissance et le sentiment d’appartenance. À côté de cette vision quelque peu figée, voire dépassée, de l’identité francophone, apparaît chez Gabrielle Roy un Autre pluriel, formé des immigrants venus des quatre coins du monde, qui va au-delà de l’opposition anglais/français et apparente la romancière à la littérature migrante. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.] |