À propos de quelques recensions des Enfants de ma vie

L’analyse de cinq comptes rendus de Ces enfants de ma vie révèle un même enthousiasme face à l’œuvre étudiée, mais une grande diversité d’approches critiques. Malgré certaines naïvetés, les textes d’André Brochu et de Réjean Robidoux se révèlent les plus efficaces en raison de leur couverture de plusieurs aspects du livre (contenu, expression, comparaisons avec d’autres œuvres, évocation de facteurs extratextuels); celui de François Hébert, axé trop exclusivement sur le contenu du texte et sur la réaction qu’il produit sur lui, porte en revanche les marques d’un travail textuel qui lui confère une certaine autonomie. Gabrielle Poulin privilégie à l’excès le résumé du contenu, qu’elle gauchit par ailleurs en assimilant trop vite la narratrice à Gabrielle Roy et «De la truite dans l’eau glacée» à un roman d’amour traditionnel. André Renaud, à l’inverse, délaisse le contenu pour traiter presque uniquement de l’expression; le texte de Roy devient surtout prétexte à un exercice d’écriture. Enfin, tous les critiques se laissent en quelque sorte duper par «l’illusion de réel que produit le texte» (p. 36), en croyant à la vérité là où il s’agit d’une mise en fiction. Au terme de l’exercice, s’impose donc la nécessité d’interroger plutôt la manière dont le texte produit une si forte impression de réalité. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]