Réception et roman. Bonheur d’occasion et Alexandre Chenevert de Gabrielle Roy

L’étude de la critique journalistique de Bonheur d’occasion et d’Alexandre Chenevert permet de reconstituer, suivant Jauss, «l’horizon d’attente d’une époque» (p. 230). Lorsque parut Bonheur d’occasion, toutes les lectures posaient la question de la conformité ou de la non-conformité à la réalité, si bien que la dimension proprement littéraire du roman a été occultée. À propos d’Alexandre Chenevert, la critique s’attarde davantage à la facture du roman, qui déplaît dans la mesure où il déroge à l’esthétique réaliste, trahissant en cela l’attente créée par Bonheur d’occasion. Dans le cas de Ces enfants de ma vie, double inversé du roman de 1954, la critique loue la brièveté des textes et la présence d’une subjectivité explicite, en somme l’inverse de ce qu’elle avait condamné dans Alexandre Chenevert, signe de l’évolution de l’horizon d’attente. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]