TitreRégimes de narration dans les nouvelles de Gabrielle Roy: entre le récit et l’essai
Type de publicationChapitre de livre
Année de publication1996
Auteur·e·sVigneault, R
ÉditeurGallays, F, Vigneault, R
Titre du livreLa Nouvelle au Québec
VilleMontréal
ÉditeurFides, coll. «Archives des lettres canadiennes», t. IX
Pages87-107
Texte complet

Les nouvelles de Gabrielle Roy tiennent de l’essai dans la mesure où y apparaît souvent une méditation existentielle ou encore un questionnement sur les mystères de la vie; c’est surtout le cas des nouvelles où la voix d’une narratrice plus âgée se mêle en contrepoint à la voix enfantine, plus fraîche et plus spontanée. Les maximes, les interrogations ou encore les nombreux modalisateurs ont pour fonction d’interpeller le lecteur et de le faire réfléchir. Par ailleurs, le mode d’énonciation objective utilisée par exemple dans La Petite Poule d’Eau (elle-même empreinte d’une certaine chaleur puisque la narratrice transmet son empathie pour les personnages) réussit moins à Gabrielle Roy que le mode subjectif, sa forme de prédilection. À l’intérieur du mode d’énonciation subjective, on retrouve encore trois régimes de narration différents: un narrateur-témoin passif («Un vagabond frappe à notre porte»), des nouvelles où l’instance narrative et le personnage principal coïncident avec Gabrielle Roy, ce qui donne au texte un air fabriqué, contraint (Cet été qui chantait), enfin des textes où seules la narratrice et la protagoniste coïncident (Rue Deschambault, La Route d’Altamont, Ces enfants de ma vie). Cette dernière manière est la plus heureuse, car Roy s’y affranchit des contraintes d’un pacte autobiographique trop explicite sans perdre sa liberté d’intervenir dans le récit; essai et fiction convergent alors dans une forme hybride nouvelle. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]