TitreRelire Gabrielle Roy, écrivaine
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1990
Auteur·e·sWhitfield, A
RevueQueen’s Quarterly
Volume97
Numéro1
Pages53-66
Texte complet

Reprise de Whitfield 1990a en ce qui a trait au «mythe maternel» qui a fait conclure au traditionalisme de l’auteure. Pour ce qui est de la sexualité, on passe sous silence le viol d’Elsa en insistant sur sa résignation plutôt que sur sa révolte. Dans ce contexte, ce qu’on a vu comme une incapacité de créer des personnages masculins convaincants se révèle comme une dénonciation implicite du patriarcat et des stéréotypes de sexe, si gênante que la critique a préféré la passer sous silence. Les tensions et ambiguïtés qui parcourent la réception critique de l’œuvre ouvrent, de façon paradoxale, de nouvelles perspectives de lecture. Si on relit par exemple Ces enfants de ma vie d’un point de vue féministe, on voit que s’y exprime le rêve d’un couple fondé sur l’égalité et la tendresse, comme celui, virtuel, que forment Médéric et l’institutrice. Les images traditionnelles d’attente féminine et de dynamisme masculin (comme dans la scène finale où Médéric à cheval lance un bouquet à la narratrice assise dans le train) se voient remises en cause par des renversements et des réflexions sur les enjeux de pouvoir et, surtout, par des scènes de réciprocité et de complicité parfaites qui présentent «une vision profondément féminine de l’amour, vu non pas comme conquête et exploitation, mais comme confiance […], comme affirmation […] et reconnaissance de l’autre» (p. 64). Le grand sujet du livre devient donc une tentative de concilier le rapprochement avec l’autre et l’autonomie. [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]