Un roman du regard. La Montagne secrète de Gabrielle Roy

Étude de la manière dont le regard structure l’imaginaire de La Montagne secrète. Une approche mythocritique révèle que toutes les forces qui entourent le protagoniste (ciel, eau, terre, feu, végétaux, animaux) concourent à l’émergence d’un univers pour ainsi dire en miroir, qui le renvoie à la conscience de lui-même. Il est question ensuite du regard de l’artiste, à la fois tout-puissant et vulnérable, et de la lutte contre la marche du temps que constitue la quête artistique, lutte marquée par une opposition entre symboles relevant d’un régime diurne et d’un régime nocturne, d’essence féminine, lié au caractère destructeur du temps. Enfin, la thématique du regard dynamise autant le modèle initiatique du héros solitaire, qui meurt à la vie profane pour renaître à une vie intérieure, que la figure mythologique, en l’occurrence celle de Prométhée, héros de la révolte contre Dieu. L’avènement du héros solaire, représentant de Dieu sur terre, anéantit la révolte prométhéenne. Principe organisateur du roman, le regard en accroît à la fois la cohérence et la richesse symbolique. Il sous-tend la thématique principale, la création artistique, ainsi que le déroulement du récit. Bref, nous sommes en présence d’une «véritable dramaturgie du regard» (p. 87). [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997, Montréal, Boréal.]