Un territoire halluciné. « La Vallée Houdou » de Gabrielle Roy
Titre | Un territoire halluciné. « La Vallée Houdou » de Gabrielle Roy |
Type de publication | Article de revue |
Année de publication | 1999 |
Auteur·e·s | Piccione, M-L |
Revue | Études canadiennes |
Volume | 25 |
Numéro | 47 |
Pages | 191-197 |
ISSN | 0153-1700 |
Texte complet | À travers une anecdote qui a peut-être bercé son enfance, Gabrielle Roy livre en quelques pages le secret de sa poétique dans une nouvelle entièrement consacrée aux Doukhobors, "La vallée Houdou". Ancrée dans le réel, elle met en scène la douleur conflictuelle de toute migration où le rêve souvent déçoit et où le pays natal devient le nouvel objet de désir. Ce réel, c’est celui d’une secte née en Russie au milieu du XVIIIe siècle et qui, en 1898, avec l’aide de Tolstoï et des Quakers, permet à huit mille Doukhobors d’émigrer au sud de la Saskatchewan puisqu’ils font l’objet de persécutions. "La vallée Houdou" raconte la difficile installation de quelques-uns d’entre eux, rebutés par la démesure d’un pays qui a trop de tout et qui répercute leurs propres excès. La binarité de l’univers royen s’articule ici dans une logique où l’on affirme qu’en infirmant. La plus visible de ces oppositions est celle poussant l’homme à la quête de la vérité, tout en le faisant céder à l’artifice. Dans une perspective spiritualiste, chrétienne et volontiers moralisatrice, Gabrielle Roy ne manque pas de souligner les dangers de ces puissances trompeuses dont elle accentue la malfaisance en les confrontant à des vertus contrapuntiques.[par Julie Hétu] |