TitreUne question d’écriture
Type de publicationArticle de revue
Année de publication1989
Auteur·e·sCadieux, M
RevueÉtudes françaises
Volume25
Numéro1
Pages115-125
URLhttp://www.erudit.org/revue/etudfr/1989/v25/n1/035776ar.pdf
Texte complet

Au-delà de l’anecdote, La Détresse et l’Enchantement porte surtout sur l’écriture. Les trente premières années de la vie de l’auteure sont transformées après coup en période d’écriture, puisque la vocation prend ses origines dans la prime jeunesse. Trois temps forts se mélangent alors: un avant, période durant laquelle se vivent les expériences et les émotions, un début, moment de fulgurance, où fait retour un souvenir qu’il faut capter immédiatement sous peine de le perdre, et une durée, celle de l’écriture proprement dite. L’inconscient joue un grand rôle dans la transformation et l’émergence des souvenirs. À partir de l’épisode de «La Mouette» de Tchekhov, on constate les efforts que déployait Gabrielle Roy pour effacer les marques du travail d’écriture; il y a donc «un trou, un vide, une impossibilité de saisir, un refus de dire, d’écrire l’écriture qui s’effectue tout de même» (p. 120). Frappe aussi le côté dysphorique de l’écriture, lié à la pauvreté, à la dette, au devoir. Enfin, se confrontent, chez Gabrielle Roy, deux interprétations de l’écriture: dans la première, classique, le pouvoir créateur est perçu comme don, aptitude innée; dans la deuxième, moderne, l’accent est mis sur le travail, même nié, la difficulté et «le questionnement inquiet de l’écrivain qui cherche comment s’y prendre» (p. 123). [source: Saint-Martin, L. (1998). Lectures contemporaines de Gabrielle Roy: bibliographie analytique de la critique (1978-1997), Montréal, Boréal.]