Les lecteurs assidus de la correspondance et de l’autobiographie de Gabrielle Roy peuvent constater que ces deux types d’écriture sont chez elle intimement liés. Partant de cette constatation, Sophie Marcotte entame une réflexion sur la relation entre les genres autobiographique et épistolaire et, plus précisément, sur la possibilité de considérer la correspondance de Roy avec son époux, le docteur Marcel Carbotte, comme une forme d’« autobiographie épistolaire ».
La trajectoire de l’écrivaine revendique un fort investissement subjectif et mémoriel au niveau du mode narratif dont le passage d’une écriture à teneur objective à un style plus personnalisé et lyrique serait moins dramatique qu'il ne pouvait le laisser croire. Voilà ce que tente d'éclaircir Cécilia Wiktorowicz, en vertu d’un traitement synthétique de l’œuvre qui permet de circonscrire l’émergence du discours autobiographique et de rendre compte de son incidence sur la totalité de la production.
Ismène Toussaint a regroupé dans cet ouvrage 41 témoignages de gens ayant entouré Gabrielle Roy au Manitoba, entre Saint-Boniface, Cardinal et Somerset. Toussaint a rencontré des membres de la famille de l’auteur, des camarades de classe, des collègues de travail, d'anciens élèves ainsi que des amis afin d’explorer les souvenirs qu’a laissés la romancière dans l’esprit des habitants de sa terre natale.
Toute l’œuvre de Gabrielle Roy met en scène des jeunes femmes ambitieuses qui refusent le destin féminin traditionnel et rend compte, de manière exemplaire, du trajet de la femme-artiste, tiraillée entre la soif d’universalité et son expérience de femme. Le caractère exemplaire de la démarche de l’écrivaine réside dans sa vision lucide des angoisses de la femme-artiste et dans son portrait de l’artiste en mère. Gabrielle Roy fait de la réflexion féministe moderne une tâche essentielle et cela la conduit à repenser la répartition symbolique des rôles hommes et femmes.
Cette analyse examine l’épineuse question de l’autorité à la fois sociale et discursive présente du début à la fin de l’œuvre de Gabrielle Roy. Malgré le passage progressif de la voix auctorielle à la voix personnelle, l’intérêt pour les femmes et le féminin, pour le réel des femmes et pour la déconstruction des rôles sociaux et symboliques hommes-femmes demeure une constante.
Pour Tatiana Arcand, la marginalité ressentie par Gabrielle Roy durant toute sa vie explique la grande compassion qu’elle éprouve pour les êtres « dépossédés », ces êtres vivant en marge de la société par leur incapacité de communiquer mais aussi de concilier leurs cultures de naissance et d’adoption. Cette compassion donne lieu, entre autres, à une vision complexe de la figure du marginal, à laquelle s’attarde particulièrement Arcand. Elle observe dans cette étude les portraits de Martha et Stépan Yaramko, protagonistes de la nouvelle « Un jardin au bout du monde ».
Le Groupe de recherche sur Gabrielle Roy, mis sur pied à l’Université McGill, a entrepris le projet d’étudier la totalité des écrits inédits, « quasi-inédits », correspondance et autres manuscrits qu'a laissés la romancière. Cet ouvrage rassemble une série d’études menées par André Brochu, Jane Everett, Martine Fisher, Dominique Fortier, Sébastien Hamel, Gilles Marcotte, Sophie Marcotte, Ginette Michaud, Sophie Montreuil, Annie Pronovost, François Ricard, Christine Robinson, Yannick Roy et Lori Saint-Martin.
À travers une anecdote qui a peut-être bercé son enfance, Gabrielle Roy livre en quelques pages le secret de sa poétique dans une nouvelle entièrement consacrée aux Doukhobors, "La vallée Houdou". Ancrée dans le réel, elle met en scène la douleur conflictuelle de toute migration où le rêve souvent déçoit et où le pays natal devient le nouvel objet du désir. Ce réel, c’est celui d’une secte née en Russie au milieu du XVIIIe siècle et qui, en 1898, avec l’aide de Tolstoï et des Quakers, permet à huit mille Doukhobors d’émigrer au sud de la Saskatchewan puisqu’ils font l’objet de persécutions.
La «loi de l’exil», rapportée dans "Notes d’un praticien" de François Ricard, constituerait un des thèmes majeurs de l’œuvre de Gabrielle Roy. Elle témoignerait d’un même mouvement, d’abord en répudiant toute forme d’attache, puis, de manière contraire, en reconstituant la mémoire d’un lieu perdu afin de reconstruire cette fois ce qui a été quitté.