La correspondance de Gabrielle Roy et de Margaret Laurence éditée par Paul Socken débute avec une lettre de Laurence le 15 février 1976 et se termine avec une lettre datée du 9 janvier 1983, également signée de Laurence. Les deux romancières se sont rencontrées par l'intermédiaire de Joyce Marshall lors d’une conférence sur la littérature canadienne en 1978, à Calgary, et elles partageaient déjà de nombreux points communs tels que leur santé fragile, des inquiétudes par rapport à leur héritage mais aussi par rapport à l’évolution de leur pays.
Le point de départ de cet ouvrage est la rencontre d’André Vanasse avec Gabrielle Roy en septembre 1979, à la suite d’une lithographie que Vanasse devait envoyer à Roy et qui n’est jamais arrivée. Racontant comment la romancière a décliné son offre de participer à une réception tenue en son honneur à l’Université de Saskatoon les 25 et 26 mai 1979, Vanasse décrit les « déboires » qui ont suivi ce refus. Il offre par la suite un témoignage sur la vie de Gabrielle Roy, en insistant sur la manière dont la vie de la romancière manitobaine peut être comprise comme une réelle vocation d’écrivain.
Ce livre est un hommage « littéraire » à Gabrielle Roy. Il contient des écrits de divers écrivaines et écrivains ayant séjourné pendant une partie ou durant la totalité de leur vie au Manitoba. Pour Lise Gaboury-Diallo, initiatrice du projet, la seule contrainte pour chaque artiste contribuant à cet hommage, était de proposer des textes ayant un lien avec la vie ou l’oeuvre de Roy. Les genres explorés sont donc variés : la nouvelle, la poésie, l’essai, le journal intime, etc.
Sophie Marcotte expose sa volonté de créer une communauté virtuelle autour de l’œuvre de Gabrielle Roy, et particulièrement autour de ses inédits qui, souvent inachevés, se prêtent difficilement à une édition traditionnelle. Tout d’abord, elle définit la communauté virtuelle comme une communauté rassemblée autour d’un thème unificateur et repose sur une démarche participative de la part de chacun de ses membres.
Étude de la manière dont le regard structure l’imaginaire de La Montagne secrète. Une approche mythocritique révèle que toutes les forces qui entourent le protagoniste (ciel, eau, terre, feu, végétaux, animaux) concourent à l’émergence d’un univers pour ainsi dire en miroir, qui le renvoie à la conscience de lui-même.
Une approche sémiotique permet d’éclairer autrement les portraits de couples que renferme l’œuvre de Gabrielle Roy. Le portrait physique véhicule les traits psychologiques et affectifs des personnages: dureté et volonté de séduction chez Jean, douceur et droiture chez Emmanuel, alternance des deux séries de traits dans le cas de Florentine. Dans la description des couples, certaines parties du corps, notamment le visage et les mains, font l’objet d’une attention particulière de la part de Roy; elles prennent ainsi valeur de symboles.
La nouveauté de Bonheur d’occasion repose sur plusieurs éléments: place importante faite aux personnages féminins, rupture d’avec la mentalité coloniale de l’époque, alliance de rigueur et de poésie. Tout au long du roman, l’auteure accorde moins d’importance au réalisme photographique qu’à une «interrogation morale et psychologique à propos de la manière dont la fiction doit (ou ne doit pas) s’approprier le réel» (p. 50).
De tous les romans royens, seul Bonheur d’occasion doit être considéré comme un roman réaliste traditionnel; tous les autres ouvrages mettent en scène, d’une manière ou d’une autre, les problèmes de l’expression et de la signification. C’est que tous les écrits de Gabrielle Roy, y compris Bonheur d’occasion, portent sur l’action de regarder, sur le «spectaculaire», un système de signification qui se manifeste dans la parole aussi bien que dans les actes non verbaux.
Malgré l’ampleur du corpus produit par la critique littéraire sur l’œuvre de Gabrielle Roy, relativement peu de textes se sont intéressés à la perspective postcoloniale québécoise et canadienne et à la production d’écrits québécois «minoritaires» en comparaison de l’ensemble des productions littéraires que Rosemary Chapman situe entre « the Second and the Fourth Worlds ». En tant qu’écrivaine manitobaine, Roy représente la voix de la minorité franco-manitobaine, mais cette position change lorsqu’elle décide d’écrire sur la représentation des Inuits du Nord du Québec.
Ricard, François. 2004. « Gabrielle Roy ». In The Oxford Companion to Canadian History, sous la dir. de Hallowell, Gerald, p. 550. Coll. « The Oxford Companion to Canadian History ». Don Mills : Oxford University Press.
Bien connu du milieu anglophone et francophone canadien, le travail de Gabrielle Roy est autant étudié par le grand public que par les spécialistes du milieu littéraire. L’œuvre royenne se distingue par un style simple et personnel dont les thèmes prennent assise dans l’Histoire et la culture canadiennes et sont empreints de compassion pour l’humilité et le sens aigu de la diversité et de la communauté. L’œuvre de cette romancière née en 1909 au Manitoba, qu’elle quittera pour Paris et Londres en 1937, sera d’ailleurs reconnue avec les plus grands honneurs. [par Julie Hétu]